Fashion Week Femme AW19/20 Jour 4

DEFILE ISSEY MIYAKE AU LYCEE CARNOT: Le designer japonais Yoshiyuki Miyamae poursuit ses expérimentations textiles. Cette saison, le tissu maison « Dough Dough », matière en polyéthylène permettant de sculpter le vêtement comme une pâte à modeler, gagne en souplesse et prend de la couleur grâce à l’intégration de nouvelles fibres comme la laine. Egalement, une nouvelle texture apparaît, le « Blink » qui procure un effet kaléidoscope grâce à des motifs en résine imprimés sur le tissu. Tout ceci se décline en ravissants manteaux, paletots, tuniques, robes, blousons aux cols larges à modeler, dans une explosion de rayures, courbes ondulées, formes géométriques pour commencer, puis de couleurs intenses dans la deuxième partie. L’ensemble est revivifiant et très joyeux, et toutes ces magnifiques silhouettes polychromes dégagent une certaine poésie.

DEFILE KIMHEKIM A LA CANOPEE DES HALLES: Pour le premier défilé à Paris de sa marque fondée en 2014, le jeune créateur sud-coréen Kiminte Kimhékim, qui est diplômé du Studio Berçot à Paris et a travaillé chez Balenciaga pendant deux ans, a présenté une collection reprenant les éléments majeurs de son esthétique à la croisée de l’Asie et de l’Europe. La culture de l’uniforme, que les jeunes coréens aiment  revisiter de façon toute personnelle, par exemple en en redécoupant certains éléments ou en portant la cravate lacée autour du cou ou nouée à la ceinture. La « néo-couture », avec des robes à traîne et des tissus drapés agrémentés de perles et noeuds XXL qui donnent une nouvelle naissance à des silhouettes classiques. Le twist du vestiaire traditionnel coréen, à base de couleurs poudrées mettant à l’honneur l’organza très utilisé en Corée. La pop culture des années 1990, dont les jeunes coréens sont très nostalgiques, à base de total look blanc en laine bouclée, d’étoffe matelassée portée à la main, de jean destroy et corset pointu. Au final: dépaysant et très inspiré!

DEFILE NINAMOUNAH A L’ATELIER NEERLANDAIS: Cette jeune marque expérimentale basée à Amsterdam et créée par Ninamounah Langestraat entend bousculer les codes de la mode et transcender notre instinct animal en proposant des silhouettes innovantes, tout à la fois masculines et féminines. Cette quatrième collection intitulée « Evolve around me » explore les thèmes de la domination et de la soumission sous l’angle de l’évolution. Des cowboys et cowgirls ouvrent le défilé. L’un d’eux porte un manteau de cuir incrusté d’une selle de cheval tout en marchant sur des escarpins à talons; il est tenu en laisse par une cavalière qui essaie de monter sur son dos. Jupe vinyle et épaules de protection, veste blouson à l’esprit corset, tailleur lacé sur le bras et les épaules, body string très échancré, tailleur strict devant avec fesses à l’air dans le dos, et pour finir une jolie robe fluide en satin immaculé. Contrastes entre couleurs intenses comme le rouge et teintes beiges et crème plus douces. Mélange également de matières brutes et de tissus délicats. Une imagination débridée et délicieusement subversive.

Le streetstyle du vendredi 1er mars 2019 aux abords des défilés Balmain (à l’Espace Champerret) et Issey Miyake:

Et, pour terminer, mon look du jour (photos: Franck Malabre):

Fashion Week Femme AW19/20 Jour 3

PRESENTATION « SAVOAR FER » AU PALAIS DE TOKYO: La jeune marque lancée par la créatrice suisse Eliane Heutschi en février 2017 a présenté sa nouvelle collection dans le cadre de Designers Apartment, un programme d’accompagnement de créateurs français et internationaux basés à Paris, développé par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode. Le nom de la marque est la traduction phonétique du mot « savoir-faire », un mot-clé pour la créatrice fascinée par l’artisanat, les textiles travaillés et la conservation des savoir-faire ancestraux qu’elle essaie de faire revivre au travers de vêtements contemporains. Après les boutons recouverts, le plissé pli plat, le point de croix et la dentelle aux fuseaux, le thème choisi pour cette saison est le rapiéçage, c’est-à-dire l’idée de raccommoder un vêtement avec d’autres tissus, comme pour boucher des trous. La créatrice déclare s’être beaucoup servie de cette technique de broderie pour dessiner des pièces sur les pièces. Elle identifie d’abord un savoir-faire puis réfléchit aux matières, généralement assez classiques, en utilisant les chutes de tissus de collections antérieures (propres ou externes) qu’elle recompose de façon très inventive. On y trouve ainsi une curieuse matière plastique transparente évoquant un filet de pêche: c’est un plastique hydrosoluble traditionnellement utilisé en broderie comme support pour stabiliser les tissus, avant d’être jeté, et qui devient ici une matière principale, très fine et très stretch. En mélangeant cette matière technique avec du denim la créatrice revisite les lignes iconiques du blouson. La notion de mélange est un autre maître-mot de cette mode écologique et durable qui se décline en tenues oversize  associant un côté élégant à un côté streetwear, finitions travaillées et matières brutes, transparence et opacité, motifs à carreaux et bicolores. Bravo et bonne chance!

Le streetstyle du jeudi 28 février 2019, aux abords des défilés Paco Rabanne (où l’on voit que la marque n’a pas lésiné pour habiller ses invités) et Y/Project:

Et, pour terminer, mon look du jour (photos: Franck Malabre):

Fashion Week Femme AW19/20 Jour 2

DEFILE DIOGO MIRANDA A L’ORATOIRE DU LOUVRE: Pour cette nouvelle saison le créateur portugais a conçu une collection à l’élégance classique, sophistiquée et aux grands volumes inspirée du personnage de Catherine Deneuve dans le film « Indochine ». On y trouve ainsi des motifs nautiques tels que les rayures et les chaînes, déclinés de façon tout à la fois classique et féminine et qui confèrent une grande assurance aux silhouettes. Des vestes aux boutons dorés sont associées à des pantalons de marin tout en simplicité. Les jupes fluides et plissées se combinent élégamment avec des vestes et autres tops aux manches volumineuses en taffetas. La palette de couleurs très raffinée (ivoire/gris clair/beige/noir/bleu marine/or) renforce le côté très chic de la collection.

DEFILE LUIS BUCHINHO A L’ORATOIRE DU LOUVRE: Pour cette nouvelle collection intitulée « The Missing Airplane » le créateur portugais a trouvé son inspiration dans les tenues des pionnières de l’aviation des années 1940, et particulièrement la puissance dégagée par leurs casques, combinaisons et blousons bombers. Ceci se traduit par des shearlings, manteaux, vestes et modèles hybrides de style aviateur aux grands cols et aux coupes graphiques. Les imprimés sont inspirés des images de pin up utilisées pendant la seconde guerre mondiale pour remonter le moral des soldats. La combinaison de matières (cuir, fausse fourrure, laine, flanelle, feutre), du mat et du brillant, de couleurs fortes conduit à des silhouettes conquérantes et féminines à la fois.

DEFILE « NEITH NYER AND DDP » A L’ESPACE DAYLIGHT: Ce défilé marque une collaboration tout à fait inattendue, mais qui a vocation à se prolonger sur plusieurs saisons, entre la marque DDP, icône du streetwear des années 1990 et du début des années 2000 qui était quelque peu tombée en désuétude, et Neith Nyer, le label à l’esthétique avant-gardiste créé en 2015 par Francisco Terra. Cette association inédite conduit à un produit luxe pointu ancré dans l’univers streetwear actuel, tout en s’appuyant sur les inspirations excentriques sans tabous de Francisco Terra à la croisée du chic et du vulgaire. Ceci donne une collection inventive et décalée intégrant quelques références subtiles aux archives de DDP (en particulier ses mascottes qui ont été redessinées, notamment le fameux Egg Man). Le tailleur-pantalon en caoutchouc jaune, style ciré de pêcheur, côtoie la robe du soir réalisée dans un patchwork de fleurs découpées dans du feutre. Ces mêmes motifs floraux très années 1970 sont déclinés dans des teintes pâles ou vives sur des collants, robes en jersey ou grandes doudounes. Un motif tartan aux tons clairs se retrouve sur des pantalons, des chemises nouées au cou par un gros noeud et des sacs à dos qui s’accrochent à la taille. Une mini-jupe en maille à rayures arc-en -ciel est portée juste avec un double soutien-gorge coloré sous la veste. Les chaussures ont été développées en collaboration avec Naomi Hille et les bijoux avec Florence Tetier. On souhaite bonne chance à ce projet très prometteur.

Le streetstyle du mercredi 27 février 2019:

Et, pour terminer, mon look du jour:

Fashion Week Femme AW19/20 Jour 1

DEFILE MOOHONG A L’ECOLE DE MEDECINE: Pour cette nouvelle collection intitulée « Juxtaposition », le créateur coréen Kim Moo Hong nous invite à un voyage initiatique dans le temps et l’espace, combinant astucieusement des vêtements inspirés du 18ème siècle avec des tenues contemporaines style sportswear/tenue de motard. Les matières sont travaillées pour donner un aspect usé illustrant le passage du temps et discrètement teintées d’encre. La laine bouillie se combine au velours et aux matières synthétiques dans un patchwork de couleurs plutôt amusant et anachronique. Coupes déstructurées, épaules larges, manches ballons, bottes grandes ouvertes, collants troués: cette esthétique aux accents grunge, jouant sur les contrastes, dégage un romantisme noir qui n’est pas sans charme.

DEFILE FATIMA LOPES A L’AMBASSADE DU PORTUGAL: Une nouvelle collection toute particulière pour la créatrice portugaise qui fêtait le vingtième anniversaire de son premier défilé à Paris. Elle a donc tout naturellement tenu à rendre hommage à ses origines, à l’âme portugaise et sa mélancolie que l’on retrouve dans les paysages de sa lumineuse capitale Lisbonne. Le Portugal s’est ainsi invité dans de nombreux détails de cette riche collection. Coupes graphiques faisant écho à la « Calçada Portuguesa » et jouant sur le contraste du noir et du blanc. Robes épaulées et drapées, manteaux structurés et sophistiqués dans des matières nobles qu’affectionne la créatrice, se déclinant dans les couleurs organiques du Portugal. Des bleus profonds en cachemires et soie pour la mer et la « Saudade », des verts naturels rappelant l’intensité de la « Serra » portugaise, tout comme les bruns, ocres et autres tons de terres. Les souliers dorés en guise de rayons de soleil illuminaient cette collection très inspirée.

PRESENTATION LEO DANS LE NOUVEAU CONCEPT STORE-CLUB « JEAN LOUIS LA NUIT »: La jeune marque bruxelloise fondée en 2016 et animée par la créatrice Leonneke Derksen a présenté sa nouvelle collection intitulée « Trance » dans laquelle elle poursuit ses expérimentations entre trash et sophistication, dans un monde résolument contemporain mais qui puise ses références dans la nostalgie des grands rassemblements de Goa des années 1980/1990 et dans les préceptes du yoga, répondant à l’envie de spiritualité de la génération Millenials. Elle déclare s’inspirer autant des esthétiques psychédéliques et religieuses originelles que des déclinaisons mainstream actuelles de ces thématiques. Ces atmosphères sont traduites dans la collection par la combinaison d’imprimés et bijoux d’inspiration indienne avec des éléments que l’on identifie à la trance européenne comme les jeans bruts et les teintures décolorées. On retrouve également dans cette approche innovante de ces thématiques les éléments stylistiques propres à la marque: les jupes longues (ou courtes) fendues qui se dégrafent par des attaches troublantes, les grandes bottes à talons sur lesquelles on retrouve les mêmes fermoirs, les grosses ceintures, des hauts courts avec des manches très longues, les brassières, les combinaisons, le tout dans une panoplie de matières combinant jean, molleton, soie, satin, et une palette de couleurs où dominent kaki, jaune, mauve et le noir et blanc. Que la fête commence!

Le streetstyle du mardi 26 février 2019, en particulier aux abords du défilé Dior:

Et, pour terminer, mon look du jour: