Le streetstyle aux abords des défilés Dior, Loewe et Hermès:






















DEFILE SACAI AU CARREAU DU TEMPLE: Chitose Abe, la fondatrice de la marque, propose une nouvelle version de ses jeux de superposition et de déconstruction dans des volumes exagérés. Pour les hommes: des parkas de super-héros nomades, des vestes Mao matelassées, des pantalons géants, des pulls en mohair de l’Himalaya, des kilts et un trench composite qui rencontre le manteau d’espion dans des panneaux verticaux de coton rubberisé et de laine feutrée. Pour les femmes: de sensationnels gilets cocon en duvet, sur des jupes en soie plissée, les deux dotés de profondes poches militaires; des gilets avec d’énormes manches en agneau et des vestes de base-ball doublées de fourrure. La créatrice s’est également associée à l’artiste et skateur californien Mark Gonzales, dont les planches et les illustrations originales ont été utilisées sur certains modèles, principalement sur des sweatshirts et des tops, mais aussi cousus sur un tailleur composite. Des badges en tissu indiquent Gonz and Sacai, Sacaigonz, Good Vibes Tribe, ou bien de fausses distinctions militaires. L’un des hauts portait simplement une main levant un doigt au-dessus de la légende One Love. Elle a également associé des blousons en peau de mouton aux coupes brillantes à des bloomers courts en soie sur des cuissardes. Sa dernière collaboration avec le chausseur J.M. Weston était aussi à l’honneur, avec deux nouveaux modèles: les Golf Derbies et les Worker Boots dont la semelle allongée dépasse à l’arrière du talon.
















DEFILE HERMES AU PALAIS D’IENA: La designer des collections homme de la maison, Véronique Nichanian, propose une garde-robe aux lignes épurées d’une grande élégance. Le nouveau blouson se décline dans une version à poches zippées verticales, passepoils et col roulé. Les cabans et vestes sont coupés courts, contrairement aux longs manteaux croisés, portés avec des pantalons ajustés et épurés. Des coupes géométriques et des découpes ajourées donnent de nouvelles formes et volumes, comme les superbes manteaux à chevrons à poches poitrine façon cargo, ou les blousons à six boutons et leurs remarquables rabats verticaux. Les détails sophistiqués et les accessoires étudiés abondent, comme les doubles cols et les écharpes tubes. Les motifs les plus classiques, comme les carreaux prince-de-galles et le tricot à losanges, se trouvent modernisés en se voyant apposés sur des rabats de poche ou savamment décalés. Comme toujours, les matières sont impeccables: cuir d’agneau teinté, cuir de maroquinerie équestre, flanelle de daim, cachemire et alpaga, cuir de vachette poli. La palette de couleurs, sombre et mélodique, combine le kaki, le basalte, le charbon, le bleu pétrole, le gris bruyère, l’orange citrouille, le crocus, le silex et le gris tourbe. Un sans-faute!
















DEFILE OFFICINE GENERALE DANS UN IMMEUBLE EN TRAVAUX DU BOULEVARD HAUSSMANN: Pour cette saison, Pierre Mahéo, créateur fondateur de la marque parisienne, a voulu exprimer les couleurs de Paris en hiver au travers d’une palette allant du noir au vert profond en passant par ses traditionnels gris, caramel et chocolat sans oublier son bleu marine préféré. La collection mixte propose une nouvelle déclinaison de l’élégance parisienne dans laquelle les détails ont été particulièrement travaillés sur le tombé des manteaux, les variations de volumes des pantalons et vestes, le choix des jauges sur des mailles. Le jeu sur l’empilement des couches (chemise, pull, costume, écharpe) en ton sur ton est parfaitement maîtrisé. Les silhouettes féminines, amples et fluides, rendent assurément hommage à la femme active parisienne. Mais le créateur se garde d’être trop formel et les modèles portent parfois une touche rebelle. Certains pulls en col V très profond laissent apparaître une chemise aux premiers boutons déboutonnés, une ample chemise sortie du pantalon dépasse sous un cardigan, les vestes deux boutons légèrement oversize avec un col relevé cassent la rigidité d’un costume caramel. Elle, noue négligemment un pull autour du cou. Lui, porte un cuir noir sous son manteau imperméable marine et sur un pull camionneur et un pantalon à pinces ample. Quelques pièces fortes, comme ce blouson aviateur gris en peau lainée, aux dimensions retravaillées près du corps, ou ces beaux manteaux militaires croisés en kaki ou marron, dépouillés mais conservant les détails comme les oeillets métallisés à la ceinture et les boutons-pressions aux épaules, apportent une touche outdoor-chic urbaine à la collection.
















DEFILE AMIRI AU CARREAU DU TEMPLE: La marque fondée en 2014 par le créateur californien Mike Amiri délaisse le denim de ses débuts et propose une garde-robe classique tout à la fois décontractée et très élégante avec un twist rock. Tout se joue sur les matières, entre recherche et touche artisanale, avec des tissus luxueux (cachemire, soie, mohair, satin, cuir). Un travail particulier est réalisé sur les textures avec, cette saison, de remarquables effets de brillance: du débardeur ajouré discrètement scintillant qui se devine sous une chemise en soie, aux bonnets de laine décorés de pierres précieuses, en passant par le délicat cardigan en mohair bordé de rubis. Vestes et chemises étincellent, tissées dans des fils dorés, pavées de strass ou encore brodées de perles. Tout comme les manteaux traversés de fines striures argentées faisant penser à des traces de pluie. Certains costumes sont couverts de baguettes argent. Les cristaux sont partout, ils composent notamment des broches qui viennent orner des bonnets ou bien le revers d’un gilet ou d’une veste de smoking en satin. Les pantalons sont confortables, légèrement évasés, mais toujours chic avec leur galon latéral. La chemise entrouverte sur un maillot de corps ou optant pour un superbe polo coloré, les modèles endossent avec nonchalance de somptueuses vestes, laissant l’écharpe frangée pointer son nez sur la cuisse, sans jamais oublier la pochette en accessoire discret mais indispensable. Le thème damier s’invite parfois, tout comme le motif léopard. Pour le soir, les dandys sortent le grand jeu, enfilant une jaquette queue de pie dont les basques derrière se prolongent avec majesté jusqu’au sol en longue traîne.
















DEFILE LEMAIRE A SON SIEGE PLACE DES VOSGES: Le duo de créateurs Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran a livré une nouvelle déclinaison de son travail passionné et recherché sur les coupes et les silhouettes. Hommes et femmes endossent les mêmes tenues, des total looks multi-strates agençant en toute liberté différentes pièces et matières d’une même teinte, ton sur ton. Le défilé s’ouvre sur une palette claire de teintes naturelles (beige, blanc cassé,…) où la maille a la part belle entre tricots de soie seconde peau, body douillet en laine et collants-guêtres. Les mannequins en pantoufles ou chaussons de danse enfilent sur cette base des tuniques plissées en crêpe, qui renforcent cet esprit « danse classique ». Jouant sur le contraste entre l’intimité de la sphère domestique et l’extérieur plus imprévisible et parfois hostile, le duo imagine des silhouettes versatiles, où le pyjama en soie ou coton s’enfile sous le manteau, avec de grosses chaussettes en laine, tandis que le manteau prend des allures de peignoir. Le dedans et le dehors sont savamment mixés avec une grande attention portée, comme toujours, sur les pièces à manches. Le cardigan se noue à la taille en une énième couche ou sur l’épaule, épousant la forme du sac en bandoulière. Le grand imperméable kaki se marie à merveille avec la chemise et le pantalon retroussé en denim un peu usé. Le gros chandail torsadé jeté sur les épaules se transforme en écharpe-cape protectrice. Un grand col en laine dépasse de la veste en cuir sous l’imperméable pour remonter jusqu’au dessus des oreilles. Tailoring et outerwear se combinent harmonieusement pour ne faire qu’un à travers ces looks monochromes, sophistiqués et intemporels sans fantaisie, sauf quelques exceptions. Des pendentifs argentés brillent sur un pull ou une chemise, tandis que des lacets se resserrent au cou de certaines chemises avec une boucle métallique décorée, à la façon des cravates de western. Une allure folklorique s’empare de la garde-robe en fin de défilé avec des plaids aux longues franges aux imprimés chardon, qui s’enroulent autour de la taille, et des broderies éthiques décorant vestes et manteaux.


















DEFILE AURALEE AU PALAIS DE TOKYO: La marque japonaise fondée en 2015 par Ryoto Iwai à Tokyo proposait son premier défilé à la Fashion Week parisienne (après être intervenue depuis plusieurs années dans le programme des présentations). Dans cette collection mixte toute en délicatesse le créateur revisite le vestiaire du quotidien en mettant en avant de somptueuses matières développées par la marque elle-même. Il imagine ce moment particulier qui caractérise la fin d’une journée de travail, quand on sort du bureau avec l’envie de rentrer chez soi ou la perspective d’une soirée au théâtre ou entre amis. Certains hommes ont le temps de passer au pressing récupérer leur tenue pour le dîner, d’autres ont mis leur doudoune ou leur chandail dans un sac, tandis que quelques-uns ont encore le badge du bureau autour du cou. Les mannequins arborent une élégance nonchalante, mélangeant avec un chic indéniable de l’outerwear, des pièces de workwear, comme cette veste en denim qui semble taillée dans ces grosses toiles servant à confectionner les typiques combinaisons de travail beiges, et un habillement de bureau plus classique à base de costumes aux proportions simples et confortables. Le créateur s’amuse à mixer et superposer habits et matières. La veste courte en tweed aux manches légèrement arrondies s’enfile sur un hoodie à capuche ultra doux, lui-même superposé à un pull-over ultra léger en cachemire. Le coupe-vent mauve long se porte sur la gabardine, qui protège à son tour du costume. Des couleurs incisives comme le rouge, le turquoise ou le violet s’immiscent avec naturel dans une palette de tons pastels. De superbes cabans sont réalisés dans une nouvelle matière, une laine éponge double-face. Une doudoune-parka en alpaga est à la fois résistante et légère. Les manteaux tombent impeccablement, tandis qu’en guise de chemise, une femme endosse sous la veste de son tailleur un cardigan mandarine impalpable. La qualité est omniprésente, s’exprimant à travers la douceur et la fluidité des vêtements.



















